COMMENT ACCÉDER À UNE RELAXATION PROFONDE DANS UN CAISSON D’ISOLATION SENSORIELLE

  • Cyril
  • Tuesday, May 14, 2019
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“J ’essayais désespérément de vider ma tête de toutes ces pensées et de me relaxer.”

Ainsi Julien, un ami à moi, qui avait déjà fait beaucoup de méditation avant sa première flottaison, décrivait-il son expérience dans le caisson.

“Je méditais, je comptais les respirations, j’essayais tout, mais je n’arrivais pas à me détendre ou à calmer mon esprit. Après environ quarante minutes, je me dis: Je pense que je ne vais pas être capable de me relaxer cette fois-ci, oublions ça. Et aussitôt que je me laissai aller et que je cessai de faire des efforts, ce fut comme si tout disparaissait et j’étais là — vous savez, LÀ —et je me disais: Eh bien! Ça y est, j’y suis.”

L’expérience de Julien est plutôt fréquente. Elle est aussi instructive. Une raison majeure du nombre incroyable d’effets produits par le caisson d’isolation sensorielle est le fait qu’en flottant notre corps se détend en profondeur, plus que ne le permet le quotidien,et ceci tout à fait sans effort. Mais il est essentiel de se rappeler ce que signifie sans effort — les efforts que nous faisons dans le caisson, y compris les efforts pour nous relaxer, empêcheront notre relaxation. Julien est entré dans le caisson avec de grandes attentes, mais il a découvert que c’est seulement lorsqu’il est arrivé à lâcher prise qu’il a pu réellement se relaxer, il a découvert que, dans le caisson, c’était seulement ‘ ‘en ne faisant pas” qu’il “pouvait faire”, en abandonnant ses intentions créatrices qu’il pouvait créer, en décidant de n’aller nulle part qu’il pouvait arriver quelque part.

La Loi de l’effort inverse

Les humains sont conscients de ce phénomène depuis qu’ils ont commencé à prêter attention au fonctionnement de leur esprit, “mais, comme cela semble nécessaire dans cet âge technologique, il a été récemment quantifié et démontré à l’aide d’appareils électroniques sensibles, dans les laboratoires des savants qui étudient les méthodes et les effets du bio-feed-back. Ils ont trouvé ce phénomène si prévisible et régulier qu’ils l’ont intégré dans des programmes de formation comme première leçon et l’ont nommé “la Loi de l’effort inverse”. Quoi que vous “essayiez” de faire, le résultat sera exactement le contraire.

Pour lâcher prise, il y a un truc; il est assez facile à apprendre et une fois appris, il ne s’oublie pas facilement. Une des découvertes les plus considérables de la vague du bio-feed-back fut de constater qu’une personne qui a expérimenté et appris à identifier un certain état interne peut ensuite le contrôler et le recréer à volonté. Le caisson de flottaison est en soi un “instrument” de bio-feed-back qui fonctionne en partie en permettant de prendre conscience de changements et d’états internes subtils et infimes, parmi lesquels la relaxation profonde. Et pour ceux qui flottent pour la première fois, l’expérience ressemble beaucoup à la première fois que l’on se trouve branché à un appareil de bio-feed-back: plus ils essayent d’atteindre l’état désiré, plus celui-ci leur échappe, jusqu’à ce qu’ils apprennent enfin, presque par hasard, à lâcher prise. Alors là, l’état recherché se produit. À l’instar des utilisateurs du bio-feed-back, les flotteurs maîtrisent rapidement le truc pour lâcher prise. Beaucoup disent même en garder une “mémoire corporelle”. La majorité apprennent à se laisser sombrer dans l’état familier de relaxation profonde quelques minutes seulement après s’être allongés dans le bain.

Souvenirs de flottaison

Les recherches menées sur le cerveau m’apprennent que toutes nos expériences sont stockées quelque part dans le cerveau et peuvent être rappelées instantanément si nous connaissons le bon signal. De toute évidence, l’état de relaxation profonde est stocké quelque part dans notre cerveau, de sorte qu’à tout moment, nous puissions le “sortir” de notre matière grise et le revivre totalement. On peut y arriver en donnant au corps un signal qui identifie et repère la configuration corps/esprit spécifique; ainsi l’esprit peut l’extraire de son système de “mise en réserve”.

Un exemple de souvenir de la relaxation profonde inscrit dans le système est mon expérience dans le métro en panne, où mon corps semblait se rappeler l’obscurité, le silence, la chaleur, l’odeur et la détente musculaire totale qui règnent dans le vaisseau. L’effet fut comme un déclic, une tension de courte durée, puis soudain tout reprit sa place.

Techniques à utiliser en état de flottaison

Une fois qu’on a atteint cet état de relaxation profonde et qu’on a appris à le retrouver et à le maintenir sans effort, on se rend compte que c’est un état idéal qui favorise l’utilisation de n’importe quelle technique de changement de comportement ou d’attitude: autohypnose, autosuggestion, visualisation, imagerie non dirigée, autoguérison, prière, méditation, autorelaxation et autres encore. Au cours d’études menées dans différentes universités, on a comparé les flotteurs avec des personnes utilisant d’autres techniques de relaxation profonde et de modification du comportement, parmi lesquelles la méditation, l’autorelaxation, la relaxation progressive, l’autosuggestion et l’imagerie dirigée. On a pu ainsi démontrer que toutes les méthodes d ’autorégulation et d’autocontrôle physique ou mental agissent avec plus de force et d’efficacité dans le caisson d’isolation sensorielle que dans tout autre environnement.

La condition essentielle commune à toutes ces techniques est l’état de profonde relaxation que le sujet doit atteindre. L’environnement fourni par le caisson est inégalé pour atteindre et maintenir cet état, et pratiquement n’importe qui l’atteindra tôt ou tard, à condition d’y entrer. Mais les flotteurs débutants devraient se rappeler que la meilleure stratégie à utiliser dans le vaisseau, c’est de ne pas en avoir.Les flotteurs à qui j’ai parlé sont d’accord: pour les premières flottes, ne vous fixez aucun but. Le neuro-endocrinologue John Turner, qui a mené des études sur des centaines de flotteurs, dit:

“Nous avons découvert que le flotteur novice a, en général, besoin de flotter quatre ou cinq fois avant de pouvoir réellement sentir le déclic.”

D’un autre côté, presque tous sont d’accord pour dire que la première ou la deuxième flotte sont les plus amusantes, les plus hurissantes. Étendez-vous, laissez votre subconscient choisir de quoi il veut s’occuper et votre corps trouver son chemin vers la relaxation profonde. Si vous n’avez aucune attente, vous ne serez jamais déçu.

Comment lâcher prise après avoir énoncé cette opposition à l’effort quel qu’il soit, je vais immédiatement me contredire en avançant qu’un bon nombre de techniques sont jugées utiles par les flotteurs pour atteindre des états de relaxation ultra-profonde. En réalité, il n’y a là aucune contradiction, car mon idée de départ était qu’une relaxation profonde est un état auquel les flotteurs novices n’ont pas goûté auparavant puisqu’ils n’en ont pas eu d’expérience antérieure, ils ne pourront pas y arriver au moyen d’efforts conscients. Cependant, lorsqu’on s’est habitué à l’environnement du caisson, qu’on a connu cet état de profonde relaxation, il est tout à fait possible de le retrouver rapidement, dans le caisson ou à l’extérieur, en utilisant la mémoire corporelle de l’état de flottaison. Ce retour rapide à la relaxation profonde peut être facilité par certaines méthodes ou techniques; quelques-unes sont bien connues des initiés à la méditation et à d’autres pratiques d’autorégulation et de contrôle mental. Mais les résultats de l’utilisation de ces techniques dans le vaisseau sont différents, non seulement en intensité, mais aussi en qualité. Ces techniques sont d’abord bien plus efficaces et peuvent mener plus rapidement à des états plus profonds que jamais auparavant. Voici quelques unes des techniques, qui, dans le cocon de flottaison, ont été trouvées tout particulièrement efficaces par les flotteurs.

Prise de conscience de la respiration

Un moyen efficace de libérer notre corps de l’interférence de l’esprit conscient et de faire taire 1e flot distrayant des pensées, des images et des mots est de concentrer notre attention sur notre respiration. Puisque tous les autres sens ont été restreints et que nos oreilles sont immergées, les bruits de notre corps peuvent prendre des proportions énormes. Nos poumons peuvent se transformer en un énorme soufflet de forge, notre respiration en un vent hurlant dans une profonde caverne, manifestation de la pulsation dualiste de la vie, des forces qui circulent de l’intérieur vers l’extérieur et vice versa.

Respiration abdominale

Il est essentiel de détendre les muscles abdominaux pour que, lors de l’inspiration, le ventre s’élargisse et se gonfle. Beaucoup de gens pensent que ce n’est pas très esthétique. C’est pourquoi ils maintiennent une tension constante dans leur ventre, gaspillant de l’énergie et entravant la respiration. Au lieu de respirer en détendant et contractant le diaphragme et le ventre, ils développent et contractent la poitrine et la cage thoracique. Cette respiration superficielle utilise seulement la partie supérieure des poumons, plus important encore, elle constitue une des corrélations physiologiques de la réaction combat-ou-fuite. Effectivement, en respirant avec notre poitrine,nous provoquons le maintien, par notre système nerveux autonome, d’un état d’éveil constant, ce qui a pour effet d’augmenter le stress auquel sont soumis nos systèmes.

Respiration par le nez

Une pratique de respiration bien connue des flotteurs consiste tout simplement à concentrer l’attention sur l’air au moment où il pénètre dans le nez ou en ressort. Sentez l’air passer dans vos narines lorsque vous inspirez. Concentrez vous sur la fraîcheur qu’il apporte au bout du nez, entre les narines. En expirant, remarquez la chaleur au même endroit. Si vous le désirez, comptez vos inspirations en les numérotant de une à dix. Lorsque vous arrivez à dix, recommencez. Si des pensées entrent dans votre champ de conscience, n’y résistez pas, mais laissez les passer, puis reportez toute votre attention sur votre respiration.

Se déplacer le long du corps

Cette technique combine efficacement la conscience et le rythme de la respiration avec la concentration de la conscience sur différentes parties du corps. À chaque respiration, comptez un nombre et dirigez totalement votre attention sur un point particulier de votre corps; sentez que tout votre être se trouve en ce point. Au compte de un, placez votre attention au centre du front. À la seconde respiration, comptez deux et concentrez—vous sur votre gorge. À trois, sur votre épaule droite, puis avec les nombres suivants, descendez le long de votre bras droit (épaule, poignet, chaque doigt) et remontez jusqu’à la gorge. Faites la même chose avec le bras gauche. Ensuite, allez vers votre poitrine, votre abdomen, votre bassin, puis descendez le long de votre jambe droite (hanche, genou, cheville, chaque orteil), remontez le long de la jambe, traversez le bassin et descendez le long de votre jambe gauche. Revenez à l’abdomen, puis remontez pour finir au front. Selon votre itinéraire, cela devrait prendre environ soixante respirations. Vous remarquerez qu’à mesure que votre attention se déplace d’un endroit à l’ autre, elle crée des sensations corporelles bien définies qui l’accompagnent. D’après ma propre expérience, chaque partie du corps que je compte se réchauffe et, dans mon imagination, semble briller d’une chaude lumière blanche; tandis que les tensions se relâchent, elle “fond”, se ramollit et se détend. Le tout prend à peine quelques minutes, mais lorsque vous revenez au centre de votre front, vous voilà profondément relaxé. (Ceci est une adaptation d’une technique de Swami Rama, d’Elmer et Alyce Green.)

Pratiquer la visualisation

N’importe qui peut bénéficier de l’amélioration de son aptitude à visualiser, mais ce sont ceux dont l’imagerie mentale est faible ou non développée, c’est-à-dire les personnes qui ont vraiment le plus grand besoin de pratique qui risquent le plus d’essayer d’éviter de pratiquer; tout comme les non nageurs restent en dehors de l’eau. Ces personnes-là, comme les autres, peuvent trouver dans le caisson d’isolation sensorielle l’environnement idéal pour pratiquer la visualisation. Tout en améliorant la puissance de l’imagerie mentale, Il élimine la présence d’autres gens qui pourraient leur inspirer un esprit de compétition ou exercer sur eux des pressions. De plus, puisque des recherches ont démontré que les mauvais visualiseurs associaient souvent une mauvaise opinion de “la rêverie diurne” avec une “dictature de la volonté” (d’après les termes du psychologue Robert Sommer), le cocon de flottaison leur fournit une excuse pour la rêverie diurne. Il n’y a rien d’autre à faire. Bon nombre de personnes très “verbales” avec qui j’ai parlé, habituées de la flottaison — des avocats, un commerçant, un professeur de philosophie —, prennent un plaisir presque enfantin à utiliser leur nouvelle faculté de manipuler des images mentales dans le caisson. Elles pensent que flotter leur a donné une conscience nouvelle des autres personnes auxquelles ils ont affaire dans la vie quotidienne et aussi les a fait s’ouvrir à des énergies et à des idées auparavant inexploitées.

Imagerie corporelle

Ce que nous voyons en imagination a une influence décisive sur nos états physiques et mentaux. Combiner l’imagerie avec la conscience sensorielle intense en situation de flottaison constitue une excellente manière de pratiquer la visualisation et ainsi d’approfondir notre relaxation. Par exemple, on peut combiner l’exercice de respiration par le nez, mentionné plus haut, avec des images mentales choisies afin d’augmenter son pouvoir: vous pouvez visualiser l’air entrant par vos narines comme étant de la lumière blanche pure. En inspirant, suivez le flot de lumière blanche dans les fosses nasales, dans les poumons, dans l’abdomen; visualisez la lumière dans votre ventre, en train de vibrer et d’ irradier vers toutes les parties de votre corps. Ensuite, en expirant, voyez la lumière couler dans le sens inverse et quitter votre corps. Centrez-vous complètement sur la respiration.

Visualiser la lumière

Cette technique peut être poussée plus loin. Lorsqu’en inspirant vous voyez la lumière inonder votre corps, lumière pure, blanche ou dorée, rayonnante, vibrante, brillante, portant oxygène et énergie vitale, voyez sa force de vie se répandre dans votre corps. Puis, en expirant, visualisez l’énergie comme quelque chose de bleu foncé, gris ou brun. Maintenant, elle est pleine de déchets, de toxines, de fatigue qu’elle évacue de notre système. En continuant à inspirer de l’énergie, à expirer des déchets, visualisez tout votre corps devenant plein d’une radieuse vitalité, brillant d’un éclat tel que tout le caisson est plein d’une lumière éblouissante. Essayez des variations, comme de voir vos os briller d’une lumière aveuglante ou vos vaisseaux sanguins vibrer d’une énergie étincelante.

Déplacer la lumière sur le corps

Une autre variation possible: utilisez l’exercice précédent combiné avec celui durant lequel vous comptez en vous déplaçant d’un point à un autre de votre corps. À chaque nombre, en concentrant votre attention sur un nouveau point, voyez ce point briller d’une lumière dorée et chaude. Cela augmentera l’effet relaxant et l’effet de concentration de cet exercice.

En imagination

Un autre moyen de renforcer votre contrôle de l’imagerie mentale (et par conséquent de vos systèmes corporels) est de manipuler, consciemment et en imagination, des couleurs et des images non associées avec votre corps. Par exemple, lorsque vous flottez, imaginez une boîte de peintures ou de pastels. Visualisez chacune des couleurs. Comment ces couleurs vous affectent-elles? Visualisez des formes variées: un cube, une sphère, une pyramide. Voyez une sphère rouge brillante sur ùne toile de fond verte, puis changez les couleurs. Essayez un personnage d’un dessin animé bien connu: voyez Mickey Mouse, Sangoku, Pinocchio, Fred Flintstone. Voyez-les courir ou danser. Créez une scène pour eux. Visualisez une silhouette qui danse devant vous; voyez—la vous parler comme si vous étiez une caméra en train d’enregistrer un spectacle. Que dit la silhouette?

Imaginez-vous dans une scène familière, peut-être dans la chambre où vous dormiez étant enfant. Voyez-la bien, notez le mobilier, les objets disposés dans la pièce. Que ressentez-vous en la voyant? Maintenant réarrangez—la: mettez un piano dans la salle, ou un gorille; visualisez-vous en train de marcher autour de la pièce, regardant le mobilier sous des angles différents; introduisez dans la pièce quelqu’un qui n’y a jamais été, votre épouse, votre rival au bureau. Qu’est-ce que ça vous fait de combiner ces images? Visualisez une personne que vous connaissez bien. Voyez son visage, la texture de sa peau, la couleur de ses yeux. Voyez comme un sourire peut changer son visage. Maintenant, voyez la personne se déplacer, peut-être en dansant ou faisant des gestes dans votre direction. Regardez 1a personne vous parler, voyez ses yeux fixés sur vous et écoutez sa voix. Qu’est-ce qu’elle vous dit? Prêtez-y attention: c’est probablement quelque chose d’important. Visualisez-vous vous-même, votre visage. Souriez-vous. Observez attentivement, faites attention à tous les détails: quels vêtements portez-vous? Y a-t-il quelque chose en vous que vous n’aimez pas? Visualisez-vous en train de faire quelque chose, peut-être jouer au tennis ou escalader une montagne. Qu’est-ce que vous faites? Regardez-vous rire. Maintenant, l’image vous parle. Qu’est-ce que vous êtes en train de vous dire?

Maintenant que vous pouvez vous voir, imaginez-vous très grand. Vous êtes comme Gulliver chez les Lilliputiens, plus imposant que les édifices. Maintenant, vous êtes très petit comme“Antman”. Faites-vous aussi petit qu’une cellule, qu’un atome. Vous pourriez vouloir entrer dans votre propre corps et circuler dans tout le système. Vérifiez vos reins, descendez le tube digestif. La pratique de ces techniques de visualisation est amusante et vous révélera d’une manière très directe ce qui vous préoccupe. Souvent cela vous surprendra.